“Les routes qui ne disent pas le pays de leur destination, sont les routes aimées.” René Char

Catégorie : Aujourd’hui

Les doigts de pieds en éventail

Parler pour ne rien dire ou ne rien dire pour parler sont les deux principes de ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir !

                                                                                     Pierre Dac

         Je vous cite mon maître à penser car je me suis illustré dans ce qui est dit plus haut. Vous le savez si on devait me définir, ce serait du genre : cuistre qui aime bien faire le malin.

         Vers la fin de l’après-midi, système digestif encore alourdi par des agapes royales pour l’anniversaire de mon top model préféré qui a vingt ans ces jours-ci. J’ai bien mangé et bu et cela ne manque pas j’ai envie de dire des conneries. Ce qui suit n’est pas une confession ni un nouveau système de casuistique jésuite, comme disait Audiard, je m’excuse pas, j’explique !

         Danielle s’évente avec un objet tressé et carré muni d’un manche, c’est dit-elle un éventail polynésien. Moi très malin je lui dis ça n’est pas un éventail ça ressemble à un face-à-main, ce qui est déjà une première connerie : un face-à-main comme chacun devrait savoir, c’est un lorgnon avec un manche et par extension on parle de miroir face-à-main, pour désigner un petit miroir avec un manche lui aussi. Bon tant qu’à faire, ou tant qu’à y être on continue les conneries : et comment tu l’écris éventail ? Là j’ai tendu un piège et j’ai foutu le pied dedans ! Dans ma semi-torpeur je me suis mélangé les pédales et j’ai fait appel à un souvenir de curiosité grammaticale portant sur le mot vantail. C’est ces panneaux de portes en deux parties pivotantes, qui font vantaux au pluriel ! Pourquoi curiosité grammaticale ? En 1990, les gens qui pensent ont inventé la réforme de l’orthographe, prétendant la simplifier et rétablir certaines incohérences. C’est ainsi que vantail a récupéré le e d’éventail et qu’on devrait donc écrire ventail (puisqu’apparemment l’étymologie nous ramène là-aussi à vent) ce que pratiquement personne ne fait !

         Pour en revenir au début de mes conneries, ce que je voulais signifier c’est que le mot ne désigne pas seulement un objet pour s’éventer mais tout ce qui se déploie en s’écartant d’un axe : voir mes doigts de pieds du titre et tout un éventail d’exemples que je me garderais bien de citer !

         Voilà vous avez eu comme leçon d’aujourd’hui : expliquer pour ne pas être obligé d’excuser l’inexcusable !

Blog blog blog !

         Comme un évier que l’on débonde, blog, blog… la question se pose, pourquoi un blog ? J’ai une curieuse pathologie qui date de loin, j’écris. Je ne suis ni écrivain, ni romancier, ni rien d’aussi noble et d’aussi lourdingue à porter. Les vieux instits et les demoiselles en mal d’amour faisaient des vers ; ils n’étaient pas poètes et ne se revendiquaient pas comme tels ; rimailleurs disait-on. Eh bien voilà, moi je suis prosailleur ! j’aime raconter des conneries pour faire marrer les gens qui aiment mes conneries, il y en a. J’ai constaté à diverses reprises que parmi mes amis, mes parents et d’autres, il y avait des lecteurs qui appréciaient mes humeurs, mes colères et ma façon particulièrement injuste de justifier mes goûts en compissant ceux des autres. Quand j’aime, j’aime le dire et pareil quand je hais. Depuis le temps que je suis lecteur je sais précisément ce que j’aime et ce qui me débecte, je ne lis donc que des livres que je sais écrits pour moi. Les vrais lecteurs se moquent : comment peut-on dire que l’on n’aime pas un livre si on ne l’a pas lu ? Moi je sais ! et les vrais lecteurs je les emmerde ! Depuis que Jean Cau (en trois lettres disait Jeanson) a eu le Goncourt je n’ai plus jamais ouvert un Goncourt. A coup sûr, le Figaro, le Monde et hélas maintenant le Canard, sont les meilleurs indicateurs de ce qu’il ne faut pas lire ! Quand dérogeant pour faire plaisir à mon frère, par exemple, j’ai accepté de lire Houellebecq, je savais que je faisais une connerie. Dans le mille Emile ! Un beau tas de bouse pour intellos fatigués. Aussi plaisant qu’une flaccidité méritée ! Je ne suis pas si bouché que certains pourraient le penser : après des années à ouvrir Du côté de chez Swann pour le refermer avant la fin du premier chapitre j’ai fini par écouter Céline, d’abord ça : « Ah Proust s’il n’avait pas été juif personne n’en parlerait plus! et enculé! et hanté d’enculerie – Il n’écrit pas en français mais en franco-yiddish tarabiscoté absolument hors de toute tradition française – il faut revenir aux Mérovingiens pour retrouver un galimatias aussi rebutant… Proust, l’Homère des invertis… 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop.» // Et puis ça : Mais il en sort que le bonhomme était doué … Extraordinairement doué … Ah oui, doué, doué // et encore ça : Proust est un grand écrivain, c’est le dernier … C’est le grand écrivain de notre génération, quoi … J’ai rouvert La recherche et je n’ai pas refermé avant la dernière phrase du Temps retrouvé, rien lu d’autre pendant tout ce temps !

Pour le cinoche c’est du kif ! Je me tape le cul par terre quand j’entends ou lis toutes les conneries actuelles ; le moindre connard qui tient une rubrique dans un canard ou une télé de merde va disserter sur Les misérables ou Simplement noir pendant des plombes alors qu’il n’a pas vu une bobine de Robert Mulligan ! On ose comparer la mère Fontaine avec Jane Campion ! Tout le monde a vu la palme d’or du coréen Bong Joon-ho Parasite en criant au miracle, j’ai vu et aimé ; mais j’ai vu et aimé au moins dix films coréens de même valeur ou supérieure ! Le cinoche je connais un peu ! Je connais aussi tous les merdeux qui en parle sans l’aimer. Télérama a passé des années à dégueuler sur Clint Eastwood pour finir par l’encenser en braillant avec les autres – le Canard, le Monde etc… J’aimais Mocky parce qu’il se foutait éperdument du sérieux de ses collègues mieux peignés, il était marrant, inventif, et anar ; et tous les grands acteurs se bousculaient pour jouer chez lui. Lonsdale y allait volontiers comme il allait chez Bunuel.

Bon je vais pas me mettre en rogne à blanc, on attendra l’actualité ! En ce moment j’écris un feuilleton, pas un roman, j’en suis incapable, un feuilleton ; genre Sue ou Ponson du Terrail. Evidemment je préfère que ça plaise au lecteur, mais je vais vous mettre à l’aise tout de suite : si vous aimez restez avec nous on va se régaler ; si vous n’aimez pas vous connaissez la sortie surtout ne vous forcez pas et n’essayez pas de m’expliquer pourquoi ; j’en ai rien à foutre ! Le pire qu’il puisse m’arriver c’est le lecteur colossalement fin qui va m’expliquer pourquoi je merde avec les points virgules ! C’est mes points virgules ! J’écris comme je fais la cuisine, je ne fais que ce que j’aime ! Si vous êtes contre mon kékéméké, allez bouffer chez Levy, Musso ou Gavalda !

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