Il fallait repartir. J’étais assez amer concernant les résultats de nos actions chez les Pupes. Nous avions été manipulés par des négociateurs faussement bonhommes. Ils avaient un lourd contentieux avec les vestales impures qu’ils étaient incapables de régler : elles prélevaient leur contingent de pucelles pour en sacrifier quelques-unes et en détourner les autres. Sans apparaître au grand jour, c’est elles qui menaient la barque : elles régulaient les naissances et équilibraient le ratio males/femelles de façon expéditive mais efficace en faisant disparaître régulièrement un flux de petites filles surabondantes par rapport aux garçons. La reine de cette ruche, qui les dominait tous par la taille et par un charisme hors du commun, ne leur était pas inconnue comme ils le prétendaient mais inabordable et bénéficiant d’une protection infaillible. Ils avaient vu dans notre arrivée l’occasion inespérée de se débarrasser de l’énorme emmerdeuse ! Bien joué, merci les cocus ! Il fallait repartir le plus vite possible avant que Mic ne s’avise de punir ces connards et de laisser un abattoir tout frais derrière nous ! La nuit à tout réunir et le lendemain on était sur la route. Vers où nous dirigions-nous ? le sens général était un retour en direction du couchant mais nous ignorions tout du chemin qui nous attendait et des difficultés à traverser avant de retrouver un itinéraire connu. Le début se présentait pas trop mal, plat et sans grandes inégalités de terrain ; nous progressions assez vite. Le moral était assez bon, les amazones avaient très vite retrouvé leur insouciance et elles chantaient à tue-tête dans les barlus. Jean-Bernard avait repris ses allers retours d’éclaireur éclairé et se montrait satisfait d’avoir quitté des lieux qui ne lui avaient jamais botté. Nati et Jos se serraient contre moi en ronronnant, j’avais un tas de raison de tout craindre ! Mic m’inquiétait beaucoup plus, son silence et son indifférence à ma prise en main du redémarrage de la caravane ne lui ressemblait pas, je devais aller voir où il en était.

         Son van 4X4 sur base de Hummer était luxueusement meublé et d’un confort incroyable : un cocon fait pour les délices et les vices les plus débridés. Quand il n’était pas au volant, une de nos meilleures driveuses s’en chargeait et toute une équipe de filles assurait l’entretien de son claque ambulant : toujours propre, parfumé et opérationnel pour le cul. En passager de la Honda de Jean-Bernard, je rattrapais vite fait le boxon à roulettes et sautait sur la plage arrière, bain de soleil et farniente comme sur un yacht ! Je ne m’attendais pas au spectacle offert à l’ouverture de la porte qui donnait sur le boudoir ; il m’avait habitué à toutes ses excentricités sexuelles et j’étais largement blasé de ses excès. Là, c’était silence et paix, demi-jour opalescent, musique d’ascenseur et au premier coup d’œil, dégun ! Au deuxième je vis qu’il y avait quelqu’un, que ce n’était pas mon camarade, et que ça ressemblait à une fille. Mais pas du tout, c’était le retour de couillettes ! Je croyais en être débarrassé après ce coup de pied au cul mémorable, je pouvais me douter que le pied n’était pas le seul impliqué dans les coups. Il était allongé nu au milieu de coussins et me regardait avec un air glauque et lascif comme la pute de Baudelaire. C’était de la gonzesse au carré : un visage de fille ravissante couronné de bouclettes légères et bien ordonnées, une poitrine de nymphette prête à percer et une bistouquette à la grecque perdue dans une toison mousseuse. Sourire hyper pute et transformation de l’objet de flanelle à ithyphallique, voix rauque et femelle en même temps viens dans mes bras, viens me baiser… je m’y croyais ! peut-être une autre fois… où est Mic ? Il se met sur le ventre pour me montrer son cul, un vrai prose de gamine ! Viens me prendre on s’en fout de Mic ! Comme je ne bougeais pas il se tourna vers moi et changea sa mimique pétasse pour une vraie grimace vipérine, je me sentis d’un seul coup moins désiré ! Allait falloir se méfier de ce lascar, ça sentait fortement la haine, genre Vénus toute entière à sa proie attachée ! Et voilà l’autre qui débarque, toujours rigolard en v’là une surprise ! t’essaye pas de me piquer ma copine par hasard ! Comme si rien ne s’était passé ! Mic faudrait qu’on parle   ok ok mais pas maintenant !  Là tu te casses j’ai comme une envie de baiser ma petite splendeur ! Que fallait-il que je fisse ? Je me tirais vite fait pour sauter sur le tansad de Jean-Bernard et retourner à mes moutons !