La détention de Jos ne pouvait pas s’expliquer par une décision volontaire, c’était une agression qui devait forcément être suivie d’autres hostilités ; on ne pouvait pas passer là-dessus, l’heure était grave et les merdes allaient voler en escadron ! J’avais prévenu Mic des conséquences que la suite des évènements allait entraîner, à son avis ça allait chier ; au mien aussi ! Contrairement à ce que je craignais il sortit des vapes dans l’instant, je le retrouvais tel qu’en lui-même l’éternité n’avait aucune chance de le changer ! Il voulait m’accompagner mais se laissa persuader de surveiller les arrières. Je me sentirais plus tranquille à l’intérieur du temple si je le savais devant la lourde à attendre d’intervenir. Son jeune porte couilles avait écouté notre échange avec inquiétude et s’était jeté à son cou pour l’empêcher de me suivre ; ce pauvre giton ne connaissait de lui que l’aspect déconneur et lascif, il ignorait la réalité du sujet ! Il se ramassa un pied au cul qui lui fit faire le vol plané du siècle, tout ébaubi il se réfugia dans un recoin sans moufter : exit la couillette ! Notre armée me suivit dans les ombres creuses d’un début de soirée enchanteur, la douceur de l’instant ne nous préparait guère à ce qui allait suivre ! Nati qui connaissait les aîtres prit la tête des amazones, nos gars faisait une arrière-garde impressionnante ; les quelques spectateurs ne bougeaient pas et se contentaient de zyeuter ce déploiement sans manifester d’inquiétude particulière.

         Le Hummer équipé en bélier restait un peu en retrait, il suffirait largement pour faire péter la lourde qui défendait le propylée, la petite poterne sur le mur de côté ne résisterait guère à un assaut un peu viril ! les amazones s’étaient réparties tout autour du toit dont elles commencèrent à démonter les ardoises, attachant des cordes aux poutres de soutènement. C’est en profitant d’un de ces dispositifs que je m’insinuais dans les lieux. Je voulais descendre seul pour essayer de surprendre les geôlières et libérer notre amie. Le boudoir désert traversé je me retrouvais dans un lieu encore plus vaste et non meublé. Les vestales impures étaient réunies autour d’une sorte d’autel sur lequel Jos était assise, les yeux écarquillés, hagards ! Elle avait l’air chargée à bloc. Tout le monde était vêtu à la mode locale : à loilpé ! Elles étaient plus nombreuses que moi ! Ces frêles jeunes femmes hésiteraient-elles à me jouer la valse des gourdins ? dans le cas contraire j’avais intérêt à me garer si je ne voulais pas ramasser la rouste de ma vie. Mon riboustin n’avait que six coups, suffirait-il à retarder l’épilogue ? Notre gigantesque prêtresse agenouillée devant l’autel se releva en me voyant approcher, elle fit un signe pour écarter ses copines et nous nous retrouvâmes face à face.  J’avais le palpitant à cent à l’heure et je crois bien que je commençais à roidir ! En quelques pas nous étions dans le boudoir et la dame hors mesures me posa délicatement sur un pieu pour me dévorer tout cru. Je suis incapable de décrire ce qui s’est passé car en plein délire érotique je me suis pris un coup de bastarot sur la tempe et j’allais à quetsche. J’avais une putain de migraine, les lumières pourtant douces me perçaient les tempes.  On était derrière les barreaux, Jos revenait peu à peu du monde des trips ; j’étais fier de moi, le libérateur emprisonné, le sauveur embastillé, le héros dans la cage avec la poule à secourir ! il me restait un avantage, ma partenaire démesurée avait simplement écarté les frusques qui la gênaient dans ses ébats, je n’avais plus le Smith, mais j’avais conservé mon grimpant et mes lattes et dans ma chaussette le Taurus était resté bien au chaud : trois 410 à grenaille (ça pique !) et trois 45. Long Colt (ça détruit !). Devant nous des sortes de billots alignés, quelques dizaines, visiblement déjà utilisés, maculés et grattés mais encore imprégnés des humeurs des victimes ! les druidesses campées devant ces blocs de bois leurs massues à la main devaient attendre la grande sœur qui ne tarda pas à se pointer. Elle précédait une longue file de gamines entravées et simplement munies de bandeaux sur les mirettes. On les installa à genoux devant les billots qu’elles encerclaient de leurs bras menus, la tête reposant sur la surface rugueuse et souillée. Les bacchantes étaient prêtes et n’attendaient qu’un signe pour commencer l’hécatombe. Nous étions convenus d’un signal pour l’attaque, je savais que tous les camarades étaient dans la place et je donnais le signal. Les trois premières à prendre la grenaille tombèrent tout de suite, elles étaient assez proches de moi pour que les coups fassent un effet de balle. Je mis une balle de 45. dans la tête de la cheftaine qui s’affala avec un grand plouf de toute sa hauteur. A ce moment-là tout le monde était là et le combat cessa avant d’avoir commencé, les matraques tombèrent des mains des bourrelles qui s’agenouillaient en signe de soumission. Mic me libéra en se foutant de moi comme à son habitude et je retrouvais les bras de Nati qui s’était un peu caillé les sangs en attendant l’attaque. Au moins les disparues étaient retrouvées et nous allions pouvoir nous tirer de ce pays de cinglés !