“Les routes qui ne disent pas le pays de leur destination, sont les routes aimées.” René Char

Mois : novembre 2021

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Splendeur et misère des courtisanes

Il est temps pour nos lecteurs d’en apprendre un peu plus sur le caractère et les mœurs de Lucien, d’essayer d’approcher la vérité d’un personnage complexe et tourmenté dont la place dans cette société corrompue et fausse mérite d’être précisée et explicitée.

         Tout d’abord cette scène que j’ai volontairement ôtée du texte définitif pour ne pas induire en erreur le lecteur inattentif. Dans la loge obscure il est debout en retrait des regards avec Blondet. Le journaliste le serre de près, il lui flatte le dos et descend vers les reins d’une main insistante. Il s’insinue dans les chausses et devient rudement caressant, il écarte les fesses et introduit son majeur dans l’intimité moite qui s’offre comme un baiser. La main gauche a saisi et mis à nu le vit cambré et commence à le manipuler comme un jouet, le brandiller, calotter, décalotter. Ce moment n’a rien d’unique et rappelle pour le jeune homme ces séances d’études en hiver quand le poêle exacerbait les sens des collégiens par la chaleur cuisante qu’il dégageait ; ils étaient cachés par le pupitre et le petit Jean-Pierre aux yeux de fille le faisait jouir dans le mouchoir qui finissait empesé et cartonneux. Blondet comme lui n’aimait que les femmes, mais ils se sentaient femmes, ils prisaient fort l’abandon et la mollesse du genre et pouvaient s’adonner à la sodomie considérée comme le vice insurpassable. Ce soir-là il laissa les traces spongieuses de sa volupté sur le dossier de la Marquise B* qui n’avait que le tort de n’être pas là.

         Vautrin, on le sait n’aimait pas les femmes. Esther était pour lui quantité négligeable et n’avait en sa faveur que l’amour de Julien, sans lequel elle aurait sûrement été la victime désignée du forçat. Quand il la trouva dans un état de pamoison, étendue dans sa mansarde, à demi asphyxiée, elle était nue et désirable pour le premier vaurien venu. Il faut croire que le faux prêtre n’était pas intéressé car il ne regarda même pas ces seins et cette fleur magnifiques, objets des convoitises du tout Paris. Sa rapacité n’allait pas là ! Lui-même n’arrivait pas à apprécier la qualité des sentiments qu’il éprouvait à l’égard de Lucien. L’aimait-il à l’égal d’un fils ou d’un amant ? Un soir d’été lourd d’orage et de menaces diverses, il avait trouvé le jeune homme entièrement nu sur son lit et profondément endormi, sous l’effet d’un hypnogène dont il ne sortirait que plusieurs heures après la prise. Herrera avait essayé de le réveiller sans succès ! Il l’avait recouvert d’un drap, gêné par sa nudité qui le troublait comme jamais.

 Il le veilla et se mit en tête de recenser ses turpitudes passées avec de jeunes garçons. Au bagne déjà il avait eu des relations tendres avec une tante, le jeune Théodore Calvi. Son corse, surnommé Madeleine, ils couchaient ensemble et passaient des nuits l’un dans l’autre jusqu’à l’épuisement. Vautrin ne put jamais l’oublier et après la mort de Lucien il parvint à le retrouver mais ne put le sauver de l’échafaud. Trompe-la-Mort ne cessa jamais d’avoir des relations avec des jeunes gens, et, s’il ne put séduire Rastignac, il soumit Lucien à sa volonté de fer. En Espagne, quand il vola l’identité du moine Herrera, il eut l’occasion comme ses confrères de faire défiler dans son lit une foule de moinillons trop heureux de profiter d’un bienfaiteur qui ne demandait que quelques caresses et pénétrations en échange de toutes les douceurs dont il les couvrait. Ces gosses devenaient riches et débauchés et se pliaient à toutes ses abjections. Revenu en France, à Paris, il allait régulièrement chez Madame Adèle qui proposait indifféremment des filles et des garçons à peine pubères à l’appétit de qui pouvait payer. Vautrin ne manquait de rien sauf de tendresse passionnée. Il avait conscience que l’attachement de Lucien était plus de la servilité que de l’amour, il aurait pu en profiter mais jusqu’à ce soir-là il n’en avait rien fait.

Et puis nous y voilà, ses pensées obscènes l’avaient mis dans un état de tension telle qu’il fallait s’en libérer. Il fit glisser doucement le drap sur le corps de l’inconscient et se remplit jusqu’à l’âme du spectacle merveilleux qui s’offrait à lui. Lucien avait un corps gracieux et délicat, de dos on l’eut pris pour quelque Odalisque tant la courbe de ses reins était douce et efféminée. Les grosses pattes du faux prêtre se posèrent sur toute cette gracieuse incarnation de la statuaire antique. Il caressa les lobes en les écartant légèrement pour poser son visage de singe au milieu de ces splendeurs. Dans son sommeil artificiel Lucien réagit et commença à se raidir. Sur le dos à présent il montrait une virilité triomphante qui rendit fou le pauvre forçat. Il avala tout entier ce qui se tendait vers lui et saisi les bourses qu’il malaxa longuement. Il téta longtemps cette merveille, gobant tour à tour la hampe et les couilles en salivant d’abondance.  Levant haut sa soutane, il se dévêtit et présenta à l’ouverture tendre et rosée une chose tordue et lourde de deux pouces d’épaisseur sur dix de long qu’il eut bien du mal à faire entrer. Il haletait et mit un temps infini pour se libérer. Dans son rêve Lucien finit par atteindre un plaisir qu’il n’aurait peut-être jamais eu s’il avait été totalement conscient. Vautrin mit toute sa science à soulager l’intimité du jeune homme qu’il croyait avoir forcée. Il lui administra un clystère avec de l’archangélique et lui massa longuement l’anus avec des onguents. Ce qu’il ne savait pas c’est que monsieur de Rubempré était rompu depuis longtemps à la pénétration anale : il en avait vu de plus rudes que les attributs pourtant conséquents de l’abbé !

On le sait, Lucien était par sa grâce et sa beauté l’objet de bien des convoitises, faible par nature il jouissait de se laisser entraîner par les esprits forts qui l’entouraient. Sous la coupe de Vautrin, il s’était laissé persuader que son avenir devait passer par un mariage arrangé avec Clotilde de Granlieu laquelle tomba assotée sur le champ à leur première rencontre. Le petit poète n’était pas très malin mais sa fréquentation des femmes les plus remarquables de Paris lui avait donné une forte expertise dans les domaines où la sensualité règne en maitresse exigeante et despotique. Madame de Maufrigneuse lui avait enseigné les finesses du comportement avec les femmes du monde, en passant le relais à la comtesse de Cerisy elle lui donnait une deuxième instructrice en ces matières, encore plus savante et libre car le comte s’était fait le complice attentif de ses relations avec son jeune amant. Lucien si bien entouré était devenu un autre Casanova auquel pas une dame, de la jouvencelle à la plus mûre des douairières, n’aurait su résister, il aurait pu mettre sur son sofa les plus belles maitresses de la capitale. S’ajoutait à cela une habileté charnelle extraordinaire acquise au contact des plus savantes prostituées du siècle, Coralie et Esther en premier plus une kirielle de catins qui se pressaient à sa porte. Il avait commencé cette carrière de séducteur dans les bosquets de la campagne angoumoise, se dégrossissant dans les bras de très jeunes paysannes facilement dévergondées et de ces petites Bovary qui s’ennuient en province. Avec Esther comme nous allons le voir, les relations tenaient du chef d’œuvre. Elle n’était pas une gaupe ordinaire ni la première gourgandine venue. Elle avait de la race et une grâce naturelle qui lui donnait le pouvoir de dépasser toutes les limites sans perdre cette innocence qu’elle garda jusqu’à la tombe. Son pouvoir sur Lucien était extraordinaire, il se fût damné pour elle si elle l’eût exigé. Comment comprendre alors cette rage à vouloir la quitter pour une Clotilde sans relief ni intérêt autre que de lui apporter la fortune et une position dans le monde qu’il n’aurait pu espérer sans cela ? Tout était là bien sûr. Vautrin l’avait sous sa coupe et le sacrifice d’Esther était inscrit dans ses projets. D’autant plus que la jeune personne avait accepté le plus rude : se livrer à Nucingen qui bavait de concupiscence et était prêt à se dépouiller pour accéder au corps tant désiré.

En attendant, le jeune poète n’avait pas perdu de vue son projet de séduction. Clotilde déjà bien appâtée était prête à tout pour obtenir la main de son soupirant, décidée à se donner à lui et à perdre sa décence dans le premier lieu qui se prêterait à la chose, lit, canapé, herbe tendre ou fossé. Cela ne tarda pas, au cours d’une promenade dominicale où pour une fois il n’y avait nul chaperon, elle se retrouva nue sur la paillasse du jardinier, dans une cabane abandonnée bien à propos. Dieu qu’elle était disgracieuse ! Ossue et hirsute, pointue de toutes ses attaches, sans rondeurs ni douceurs, les aisselles fournies autant que son ventre qui présentait une couverture sombre et large qui couvrait en partie ses cuisses. Un peu décontenancé, son compagnon la retourna sans ménagement pour découvrir un pauvre croupion d’adolescent où la luxuriance de la toison cachait entièrement les évasures étriquées. Il dût s’aider manuellement pour trouver la rigidité qui convenait à son assaut. Il ne souhaitait pas prendre la virginité de cette pauvre demoiselle et il visa le haut en s’enduisant de salive. Il eut bien du mal à se loger dans cet orifice étroit et rebutant, elle, qui devait souffrir mille tortures, peinait à retenir ses cris et gémissait bouche close et dents serrées. Il se répandit sans tarder et sorti sans regarder les traces de sang et de saletés qui ornait à présent son organe. Il faut rendre à Clotilde cette justice que croyant faire plaisir et ne comprenant que peu ce qui motivait Lucien, elle lui offrit à toutes occasions de recommencer ; il finit par s’y faire et en peu de temps, Clotilde n’eut plus mal et tira de ces explorations une satisfaction profonde !

Peu de nos lecteurs le savent mais au tournant du siècle, il y avait dans Paris quatre artisans spécialisés dans la fabrication de ces objets que les prostituées utilisent couramment et que les anciens appelaient olisbos. Au faubourg Saint Germain, Le plaisir nouveau offrait en vitrine les réalisations de maître Jeanmaire, propriétaire et seul vendeur de la petite échoppe. On y trouvait   une collection importante de ces instruments, du plus simple en bois tourné au plus complexe avec mécanisme, en métal, en passant par les traditionnelles imitations, fort réalistes par ailleurs, en cuir travaillé, teint et graissé. Cette boutique avait la clientèle de toutes les prostituées du quartier latin et du Marais. Esther eut recours à cet artiste qui avait réalisé à partir d’un dessin de Camusot un exemplaire unique et ingénieux. Camusot était le procureur en titre et accessoirement l’amant -en titre aussi- d’Esther avant qu’elle ne le quitte pour tomber dans les bras de notre jeune poète. En ébène veiné de vert foncé et tourné à la perfection il avait été copié sur un exemplaire vivant, érigé et bien doté, le vit du nègre Honoré. Il faudra un jour conter la vie et les aventures de ce gentleman natif de la Côte des Mangues, produit typique de ce que l’Afrique peut offrir de plus extraordinaire à l’humanité. Nous y reviendrons. Ce godemichet fut donc baptisé et devint le Grand Honoré. Il était coupé dans le sens de la longueur et creusé comme on eût construit deux petites pirogues. Les deux parties était reliées entre elles par deux oreilles qui formaient poches hermétiques faites de cette nouvelle matière tirée de l’hévéa qu’on venait d’inventer, le caoutchouc. Judicieusement collées, les cavités permettaient en soufflant à l’arrière de l’engin d’en doubler la section. Ainsi d’une imitation de sexe déjà imposante on pouvait faire une énormité capable de remplir à éclater les cavités les plus déformées par l’âge ou les habitudes de pénétration les plus sévères. La pire des trimardeuses en fin de carrière était sûre d’être comblée par cet outil ! En fait seuls Esther et Lucien pouvaient jouir de l’utilisation de cette merveille de technicité. Ils en alternaient les usages et le poète pouvait se vanter d’avaler entièrement ce dispositif déployé à l’extrême. Europe se chargeait du gonflage quand tous deux étaient occupés à saillir et les deux amants rassasiés jouissaient de conserve pendant l’acte.

Nous parlons ainsi des moments où la passion amoureuse des jeunes gens les poussaient à la recherche de sensations de plus en plus épicées. Ils étaient capables dans ces moments des pires turpitudes, utilisant largement les ressources de la technique, les substances aphrodisiaques frelatées et les partenaires les plus savants ou dépravés. Leur nid d’amour semblait à ces moments de désordre absolu un vrai lupanar, un bordeau de dernière catégorie où régnaient stupre et margaille. Cependant, en temps normal, de longues accalmies les réunissaient dans des étreintes beaucoup plus sages et amoureuses où il la pénétrait avec douceur et où ils appréciaient un face à face classique et apaisé qui pouvait durer longtemps avant une délivrance absolument divine qu’ils partageaient comme au premier temps de leur idylle.

La fin de l’aventure était là, Esther savait qu’elle avait perdu Lucien qui allait épouser Clotilde. Elle était revenue à son ancienne vie d’hétaïre et se préparait à remplir ses obligations à l’égard du baron auquel elle avait promis les trésors de son corps et qu’elle lanternait depuis des mois. Il était contraint de se livrer aux manipulations de ses chambrières que sa femme convoquait régulièrement pour décharger Monsieur de ses tensions. Madame de Nucingen prenait soin de son mari par intérêt d’abord : il n’était plus avare depuis que sa maîtresse rétive le saignait régulièrement. Il amassait de plus en plus et distribuait en conséquence, la baronne en profitait largement. Elle se laissait séduire par des saute-ruisseaux qu’elle faisait capturer directement dans la rue : ces gamins se retrouvaient au paradis en quelques minutes, devant une grande dame parfumée et nue qui leur présentait ses fesses à bout touchant et les lestait d’une bourse bien dodue. Ils auraient volontiers réédité la chose quotidiennement ! Le baron n’était intervenu dans ce petit commerce que pour demander la permission d’assister aux séances pendant que sa bonne préférée, Ninon, lui faisait dégorger les quelques gouttelettes d’humeur qui lui restaient. La baronne avait hâte que cette petite bête d’Esther libère les sens de son mari qui devenait de plus en plus frénétique dans cette attente. Le jour vint enfin.

Esther annonça au baron qu’il devait se préparer pour la cérémonie qui aurait lieu avant le souper, soit avant qu’il se consacre à une digestion difficile fruit de ses goinfreries et de sa potomanie irréfrénable. Elle prit un bain et se parfuma longuement. Elle avait exigé qu’il fût lavé et frotté par Ninon et qu’elle l’accompagnât jusqu’à sa chambre où elle devait le tenir nu en l’attendant. Enfin ils furent face à face. Le baron serait tombé si sa bonne ne l’avait retenu. Flaccide et fripé son instrument n’apportait rien à sa gloire. Les deux femmes se regardaient et avaient bien du mal à s’empêcher de rire. Squelettique et livide il disparaissait à côté de Ninon rose et bien en chair. Elle attendait que la maîtresse agisse et se contentait de soutenir le pauvre épouvantail toujours aussi inerte. Esther s’approcha et respira profondément pour retenir son souffle et éviter l’haleine de saurien de son futur amant. Elle lui souffla doucement dans la bouche et s’empara de son membre avec fermeté et délicatesse. Elle pratiqua le mouvement lent et alterné en usage dans ces instants de bonheur. Sur un signe que Ninon saisit immédiatement il se retrouva avec une main experte qui lui maniait le fondement et un index agile qui lui fouillait l’anus. Il eut ainsi une réaction. Elles durent s’acquitter de gestes de plus en plus violents pour qu’enfin elles obtinssent une fermeté apte à la pénétration. Esther se tourna et Ninon fit avancer le barbon qui put s’introduire dans le creux qui mobilisait tous ses désirs depuis de longs mois. Là il trouva la vigueur nécessaire à la fornication et s’agita en rythme désordonné vite interrompu par un râle qu’on eût pu croire d’agonie. Monsieur le baron venait de jouir. Esther refusa le geste de Ninon qui voulait lui donner le plaisir que le baron avait confisqué, elle se jeta en avant franchit la porte du cabinet de toilette et sauta dans le bain qu’elle avait préparé à cet effet, elle se prépara à une longue purification.

Le vieux Nucingen qui n’avait rien compris se prépara à avoir cette félicité régulièrement dans la suite de ses amours. Il se trouva bien crétin quand quelques heures après on lui apprit la mort de sa maîtresse qui avait fuit la vie pour fuir le baron.

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Madame Bovary

Emma pensait sans cesse aux plaisirs de la chair ; il se mêlait dans son esprit toute la rancœur accumulée contre son mari et contre le ruffian qui l’avait abandonné et tout le plaisir que lui donnait Léon, son nouvel amant. Mais les difficultés pour assurer des rencontres plus nombreuses et plus rapprochées commençaient à la lasser, elle se sentait amoureuse de lui tout en regrettant de ne pas avoir l’opportunité de baisades plus fréquentes. Justin arrivait à point nommé ! Parfois sa méditation portait sur les comparaisons que, malgré elle, elle établissait entre ses partenaires. Charles n’avait pas que des défauts. Il était souvent prêt pour coïter et elle devait bien reconnaître qu’il était endurant et prévenant. Il faisait ce qu’il fallait pour que sa femme jouît à chaque rencontre. Il avait une verge longue et fine qui ne la blessait pas, même la première fois elle n’avait guère souffert de la perforation de son hymen. Emma malgré ses attachements extérieurs ne refusait jamais de se donner à son mari. Il n’aurait pu se douter un seul instant qu’elle trouvait ailleurs des compléments à son bonheur et à ce qui fallait bien appeler sa concupiscence. Il était délicat et prudent dans leurs rapports et ne dérapait jamais vers des horizons plus exotiques et condamnés par l’église. Il ne pouvait savoir que sa femme était devenue savante comme une hétaïre aux jeux de la coucherie version anale…

…Habituée aux dimensions modeste de Charles elle eut la surprise de découvrir dans les hauts de chausses de Rodolphe une chose qu’elle trouva énorme au début de leur relation, tant et si bien qu’elle pensa être dépucelée pour la deuxième fois quand il la prit dans l’herbage, au petit jour et qu’il la laboura en ahanant de plaisir. Elle s’y fit vite et apprécia la différence de taille et cette pesanteur qu’elle sentait en elle à chaque fois. Elle considéra les relations avec son mari comme une sorte de délassement, de détente après les féroces étreintes de son amant. Rodolphe par ailleurs habitué aux relations tarifées et inventives de ses multiples conquêtes, commençait à s’ennuyer un peu sur le ventre d’Emma. Elle exigeait de lui qu’il raconte ses aventures avec les détails les plus crus. Ce qui au début était une sorte d’amusement devint le piment de leurs rapports. Elle ne se satisfît point du simple récit et exigeât des exemples actifs, des travaux pratiques. C’est là qu’il commença à lui apprendre les mots les plus crus, les ordures clamées par ses catins quand elle se laissaient emporter par la lubricité. Il lui apprit à faire des miracles avec sa bouche et dû reconnaitre sa maîtrise parfaite au bout d’un temps d’apprentissage vraiment court : c’était une élève appliquée et enthousiaste, particulièrement douée. Il lui avoua même ses relations avec quelques bardaches et les petits jeunes gens qu’il avait connus dans les hammams du Caire. Ici aussi il dût lui montrer par l’exemple ce que l’on ressentait par là. Emma n’aurait jamais pensé que ce lieu de sortie un peu dégoutant pourrait se muer en une entrée accueillante et recherchée. Il prit quand même quelques précautions, la prépara longuement avec force potions qu’il avait dans son armoire et ne la fit point saigner. Quand il fut entièrement en elle et qu’il ajouta à cela un maniement d’un doigt savant du premier chemin elle ressentit une plénitude nouvelle et jouit très longuement. Par la suite elle exigeât fréquemment que son amant la sodomise pour finir leurs ébats…

…Quand elle crut être guérie de sa fièvre pour le traître et lâche maraud, et qu’elle eut passé le stade mystique et douloureux de sa rage morbide, elle revint aux plaisirs de la chair avec le petit clerc qui s’était dessalé entre temps. En effet Léon avait profité du séjour dans la grande ville pour se dévergonder et apprendre le plus possible de la vie de jeune homme et de la fréquentation des pierreuses. Il accumulait les rencontres avec les plus perverses des béguineuses ou des demi-mondaines. Pour tout dire il n’eut que très peu de relations avec les dames non vénales, même si quelques étudiantes ou ouvrières vinrent égayer son parcours libidineux. Elles manquaient toutefois de pratique et souvent restaient réservées pendant l’acte. Elles ne pouvaient lui faire oublier les savantes bagasses sources de ses plaisirs les plus débridés. Il eût continué cette vie de bâton de chaise si une alerte cuisante n’avait pas tiédi ses ardeurs : il avait contracté une coulante sévère et la peur qui le saisit ajoutée aux conseils de prudence du médicastre qui lui avait fait tout un cours sur la gonorrhée l’assagit pendant quelques temps. C’est à ce moment qu’il revit les Bovary et que sa passion jamais éteinte se raviva comme un feu de forêt dans les landes venteuses. Il entama sa relation avec Emma en se gardant de toute tentative de conclusion physique jusqu’à ce que le carabin l’autorisât à reprendre le cours de sa vie sensuelle en y mettant des précautions. En y mettant donc des gants de dames ou autres chemisettes. Tout cela retarda considérablement le moment où le jeune homme voulut se déclarer et obtenir l’essentiel de l’objet de son désir, il hésitait ne voulant pas risquer de contaminer sa future partenaire ou la choquer avec une pratique dont elle était sûrement ignorante. Ce que lui-même ignorait c’est que dans son apprentissage de la paillardise, un grand chapitre avait été consacré à ces objets et elle avait pu expérimenter avec Rodolphe de multiples lettres françaises comme disent les anglais. Des séances hilarantes avaient été consacrées à des essayages et à de nombreux tests de résistance. Elle eût pu enseigner à Léon tout ce que la science moderne peut offrir à celui que la curiosité ou le vice attirent sur ce sujet.  Dans le fiacre qui accueillit leurs premiers débordements, au milieu de son zèle fiévreux à se découvrir et à exposer à ce nouveau Céladon tout ce que la nature lui avait dispensé de plus joli et de plus appétissant elle ne perdait pas de vue le jeune homme entrain de quitter ses pantalons à sous pieds et ses caleçons avec une précipitation maladroite et charmante. Elle eut pourtant à retenir un fou rire quand il exhiba un exemplaire tout neuf du Parisien dentelé le préservatif à la dernière mode !…

…Emma rêvait, elle avait surpris le petit Justin en débraillé qui se secouait le membre en se triturant les bourses. Il était derrière le rideau de velours bordé de guipure qui isolait la partie de la chambre où l’on faisait toilette. Au travers les jours de la broderie il pouvait observait la dame qui se croyant seule avait quitté sa chemise et posé sa culotte ouverte, elle se passait le gant mousseux de savon blanc entre les cuisses. Elle apercevait dans le coin du miroir le jeune effronté qui se maniait en ouvrant largement la bouche. Loin de s’effaroucher, elle sentit monter en elle une vague de désir et se surprit à imaginer un discours qu’elle préparait dans sa tête ; elle y accumulait les mots libidineux que Rodolphe à la fin de leurs aventures lui avait enseigné pour pimenter leurs rapports qu’il avait fini par trouver trop conjugaux. En un tour de main elle se rinça et s’essuya la fleur et doucement écarta le rideau pour contempler le petit commis qui se répandait sur le tapis en gémissant. Au dernier moment il avait fermé les yeux et les rouvrant découvrit devant lui une Emma entièrement nue qu’il n’avait jamais imaginé dans ses rêves les plus fous. Il s’attendait pour le moins à une remontrance sévère ou même un soufflet mais pas à ça : elle le saisi par le membre et se baissant elle engloutit son prépuce tout luisant de foutre jusqu’au fond de sa gorge. Il n’avait jamais ressenti cela, il crut bien en mourir, mais il était fort jeune et robuste, en peu de temps son ardeur revint et il tendit dans ces lèvres avides un vrai vit d’homme fait et bien doté. Se relevant et se tournant elle lui tendit un derrière tout frais et rose qu’elle écarta lui révélant l’adorable spectacle de ses deux fleurs sombres et délicates qu’il pénétra d’un seul élan sans voir où, jusqu’à sentir sur son ventre la douceur de ses fesses. Il venait d’avoir son plaisir, pour recommencer le processus il mit suffisamment de temps pour que sa compagne pu à son tour se libérer. Elle eut un orgasme des plus brûlants et entra dans une longue jouissance qui tordait son corps et ses membres. Justin put encore éjaculer et tous deux connurent un plaisir inouï et durable. Ils étaient heureusement seuls dans la maison et Justin put s’échapper sans ennui. Par la suite, Emma profita largement des vigueurs de l’adolescent qui se montrait insatiable et de plus en plus expérimenté ! Elle avait à sa disposition deux amants jeunes et vigoureux entièrement soumis à sa lasciveté et avec les intermèdes assurés par Charles, Emma devait jouir plusieurs fois par semaine…

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Le Grand Meaulnes

Je ne suis pas fait pour la grande aventure amoureuse. Mes désirs sont calmes et mes envies raisonnables. Toute la fougue du jeune homme est en moi mais ne me domine pas. Si je me compare avec mes camarades, je n’ai pas envie d’être un deuxième Jasmin Delouches, qui n’hésitait pas à exhiber ses avantages déployés devant nous en proférant des horreurs sur les gamines du cours complémentaire et sur Gilberte Poquelin en particulier. Malheureusement pour lui, ces soi-disant victimes de ses appétits savaient se refuser et il n’était jamais allé plus loin qu’un baiser mal appliqué et quelques attouchements récompensés par des gifles retentissantes ! Je sais de première main que Gilberte était capable de se défendre avec succès contre les initiatives d’un garçon assez faiblement bâti et maladroit dans les luttes. Jasmin était très sollicité par ses sens et manifestait les symptômes d’une sensualité permanente et exigeante. Si je n’avais pas surpris son secret, je n’aurais pas compris pourquoi il traversait des moments de tranquillité qui juraient avec son quotidien fait de tension irrépressible. Nous étions une petite bande qui comprenait en plus de nous deux, Cottin et ce lourdaud de Boujardon.

Le cinquième était le fils de l’adjoint. Il s’appelait Denis et était d’humeur très douce, féminine. Il avait un physique diaphane et une voix de soprano qui faisait si on n’y prenait garde penser à une jeune fille. Il était glabre et aucune ombre ne soulignait sa lèvre supérieure. Il recherchait régulièrement ma compagnie et sa douceur et son intelligence me plaisaient beaucoup, il me semblait souvent être en présence d’une jeune femme quand nous devisions en étude ou en promenade. Quand nous nous dévêtions pour passer nos maillots avant la baignade, nous étions assez fiers de présenter nos villosités : pubis velus et aisselles garnies faisaient l’admiration muette de Denis. Il était absolument dépourvu de poils, mais marquait par une légère tension qui tendait à dresser son membre long et pale qu’il appréciait particulièrement le spectacle de ces petits mâles innocemment impudiques.

A la troisième sortie, tous étaient dans l’eau et profitaient de la douceur de l’été et de la fraîcheur de l’eau quand il me vint à l’idée que Jasmin n’était pas avec nous, ni Denis d’ailleurs. Je me méfiais de Jasmin qui à plusieurs reprises avait brutalisé notre ami trop faible pour se défendre ; sans aller jusqu’aux coups il était volontiers insultant et brusque dans ses gestes. Je pénétrais dans la saulaie à leur recherche. Après coup je me suis rendu compte que je venais chercher une preuve de l’ambiguïté de leurs rapports. Je débouchais dans la petite clairière où s’offrit à ma vue un spectacle que n’aurait pas renié le dieu Pan : Denis s’était penché sur le tronc d’un petit saule dégarni qu’il serrait de ses deux mains, son partenaire se collait frénétiquement à son dos en lui donnant des coups de butoir violents et rythmés. Nus tous deux ils haletaient en proie à une jouissance intense. Le contraste entre ce corps harmonieux au membre dressé d’une pâleur délicate et l’académie simiesque et sombre qui l’assaillait était d’une violence inouïe. Il le tenait par la poitrine en pétrissant ses tétons et lui baisait la nuque en gémissant doucement. Je restais caché dans le bosquet et assistais au final. Denis râlait en émettant une abondante et floconneuse pluie de liquide séminal et sur son dos le membre sombre durci et luisant entre les fesses trempées, Jasmin finissait de jouir en grognant comme un porc lubrique. Au beau milieu de ce déchaînement amoureux, Denis tourna vers moi son visage inondé de bonheur et me fit un sourire plein de délicatesse. Je regagnais rapidement les rives du Cher en me jurant de garder pour moi ce à quoi je venais d’assister…

…La scène m’avait profondément ému et si je n’avais aucun goût pour les mâles, Denis m’avait séduit par sa féminité exacerbée. Je suis parti en avant précédent le groupe dont je ne souhaitais pas la compagnie. Je fis un détour par chez les Poquelin pensant rejoindre Gilberte qui devait être seule à cette heure de la journée. Un mot sur cette personne pour laquelle j’éprouvais les sentiments les plus tendres. Agée de huit ans, elle avait été forcée par son oncle qui sortait d’une adolescence agitée. C’était un voyou sans foi ni loi qui devait finir tragiquement, abattu par des miliciens qui le chassaient après qu’il eût assassiné toute une famille du comté de Sénice. Un matin il avait coincé la gamine qui dormait encore et en l’étranglant à moitié l’avait pénétrée à plusieurs reprises déchirant son sexe et son anus et la laissant ensanglantée et sans connaissance. Elle avait mis des jours à se remettre et avait profondément changé à la sortie du dispensaire. Le malfaisant avait prudemment disparu du village où on ne le revit jamais plus. La petite poursuivit son adolescence sans manifester ni rancœur ni regret, elle regrettait seulement d’avoir perdu la possibilité d’être mère un jour. Dès qu’elle fut remise de ses douleurs et qu’elle retrouva sa liberté d’action elle se livra au commerce du sexe pour qui voulait bien la gratifier de quelques subsides. Avec discrétion et constance elle vendait ses charmes qui s’affirmaient à ceux qui voulaient une aventure sans risque et relativement peu onéreuse. Le corps de Gilberte était à la portée des moins riches et si personne n’en parlait tous savaient que dans le village se cachait une merveille qui soulageait les moins bien gâtés par la nature ou les hommes que leurs sens entraînaient à des excès dont leur épouse ou leur amie ne pouvait se charger. Je voyais Gilberte de temps à autre quand mon humeur exigeait un soulagement sans retard. C’était bien le cas aujourd’hui où le spectacle que m’avaient offert mes camarades m’avait rempli de troubles désirs. Comme de coutume elle m’accueillit avec joie faisant passer son habit léger par-dessus sa tête en tombant dans mes bras. Elle eut le temps de me dénuder en partie et je la pris avec hâte et me libérais presque immédiatement. Puis sans baisser ma garde je m’appliquais à lui donner le plaisir auquel elle était accoutumée et qui venait vite envahir ses sens. Epuisés nous nous endormîmes en sueur et serrés l’un contre l’autre, heureux…

…Je n’ai guère eu d’aventures amoureuses sortant de mon ordinaire de jeune homme sans originalité ni vice particulier. Je l’ai dit je ne suis pas attiré par les amours entre garçons, je préfère les rapports les plus classiques entre homme et femme, même si je conçois que pour certains il n’y a rien de plus ennuyant. Pourtant deux faits méritent d’être relatés qui émaillent mon parcours de façon inhabituelle. Nous dormions dans le grenier de l’école et comme l’isolation des lieux était défectueuse, nous avions froid en hiver et transpirions en été. Un matin d’août le soleil à peine levé accablait le lieu d’une touffeur écrasante. J’étais seul, Meaulnes étant en visite chez sa mère. Nu sur les couvertures je dormais encore très profondément de ce sommeil accablant dont je ne sortais qu’avec peine en un long moment de demi-songe où je ne savais pas si j’étais encore dans le rêve ou la réalité. J’avais dix ans. Mon institutrice de cours complémentaire était en plein travail sur mon membre qu’elle broutait comme une chèvre le chardon ! Mademoiselle Pistone, italienne un peu velue d’origine, n’avait rien pour induire le désir, mais comme elle était à l’époque la seule représentante de ce sexe encore assez jeune et bien formée, elle présidait le plus souvent à mes manipulations solitaires d’adolescent. Là elle me tétait de façon fort savante et je me réveillais en pleine satisfaction pensant projeter sur mon corps dénudé cette liqueur brûlante qui sourdait de moi. Je sortis du sommeil en trouvant sur mon ventre un visage tendre et doux qui me contemplait avec adoration. Il me fallut un temps infini avant de reconnaître Denis qui me souriait en me disant des mots câlins et vibrant de désir. Je me redressais brutalement et me tins au-dessus de lui prêt à le frapper. Il fermait les yeux en attendant les coups. Il savait qu’il était en tort, coupable de m’avoir poussé dans des recoins où je me refusais à aller. Il m’avait piégé et il comptait sur une vengeance qu’il acceptait d’avance. Je passais mon caleçon et respirait profondément en le regardant. Il avait compris qu’il échappait à un châtiment mérité et qu’il regrettait peut-être. Il était nu abandonné sur mon lit le sexe à demi dressé et quelques traces de mon plaisir encore semées sur ses joues et ses lèvres. Les yeux brillants il était au bord des larmes. Je le mis debout et l’aidait à se rhabiller, il se pressait contre moi comme un poney qu’on selle il me serrait dans ses bras en pleurant. Je ne voulais pas le brutaliser mais tout cela ne me plaisait guère. Nous n’avons pas échangé un mot et je l’ai mis à la porte sans plus tarder…

…Il n’y eut qu’un épisode un peu tendancieux entre le grand Meaulnes et moi et encore on doit le voir comme un échange amical et viril plus que comme un moment d’obscénité partagée. C’était le même été un peu plus tard. Au milieu de la nuit, à la lueur d’une pleine lune qui éclairait le grenier comme un jour gris d’automne. Nous nous étions endormis sous un drap fin qui avait glissé et nous étions à présent nus sur les lits humides de transpiration. Je ne dormais plus, la lune me fait ça, j’avais les yeux ouverts et je me tournais vers mon camarade qui lui semblait profondément assoupi. Nous nous étions déjà déshabillés ensemble et connaissions nos corps par cœur. Celui d’Augustin était quasiment parfait. Il avait des muscles harmonieusement répartis et tout en longueur, aucune de ces boulles tendineuses qui déformaient souvent le corps des athlètes. Il avait un pénis long au gland largement découvert et entouré d’un duvet blond et moussu qu’on retrouvait sur ses fesses parfaites et délicatement creusées, quand il se tournait pour cacher en partie cette nudité qu’il n’aimait pas exhiber. Il se dénudait avec naturel et sans ostentation. Moi j’étais un peu plus pudique et me cachais le plus possible en me dévêtant. Cette nuit il était allongé sur le dos et son membre était érigé triomphalement. La lueur jouait sur son corps et son sexe flambait de désir, la tête en était incarnate et la hampe sombre et grenue semblait pleine à éclater. Son rêve devait être torride et pressant car il se saisit de la main droite et commença doucement à la faire aller et venir, recouvrant et découvrant la cime qui rougissait et durcissait en cadence. Je me levais et m’approchais pour mieux voir. Sans m’en rendre compte ma main s’empara de ma verge et je commençais à exécuter en rythme avec lui une sorte de danse rituelle. Je me sentais sauvage et prêt à éclater. Nous avons eu ensemble notre plaisir, je recueillais dans un mouchoir l’averse un peu collante, lui déversa le flot sur son ventre creusé. Il émit largement le double de substance que j’avais répandue. Il me regardait à présent, l’œil goguenard et complice. Je lui prêtais mon mouchoir et retournais au lit. Jamais nous ne fîmes allusion à ce qui s’était passé cette nuit-là et notre amitié demeura intacte et sans tache.

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Le Rouge et le noir- Mathilde

Cette grande poupée blonde qui lui marquait le plus profond mépris, prenait un plaisir immense à le voir souffrir mille morts de son indifférence. Elle n’avait jamais aimé ni désiré quiconque et les petits jeunes gens de haute noblesse qui lui faisaient une cour pressante, monsieur de Croisenois en tête, n’avais rien obtenu d’elle que sarcasmes et rebuffades. En fait elle s’amusait avec Julien qu’elle trouvait malgré tout plein de grâce et de qualités morales : il lui fallait séduire ce petit paysan trop fier, le réduire et le piétiner jusqu’à ce qu’il demande merci ! Le lecteur comprendra que Julien fasciné par ce visage plein d’une beauté royale et dont les yeux étaient à se perdre, négligeait sottement la splendeur de son corps. Il la trouvait pâle et imposante et ne sentait s’éveiller son désir qu’au spectacle de quelques éclairs de chair découverts par un mouvement qui avait dérangé son fichu. Quand lors du premier assaut il se glissa en elle presque machinalement et se répandit sans même avoir pris le temps de la déshabiller, il fut dépité de ne rien ressentir que froideur et indifférence. Lors de cette première nuit Mathilde qui avait tout donné en oubliant sa résolution de briser ce petit intrigant, se trouva surprise par la volupté d’être envahie par le membre de Julien qu’elle trouva fort à son goût. Pour la première fois elle voyait et touchait cet objet dont elle n’avait connaissance que par ses rares moments d’intimité avec Norbert qui s’exhibait volontiers devant sa sœur. Il faisait cela pour la choquer et ne réussissait qu’à la mettre en colère. Par comparaison Julien lui paraissait bien mieux doté que son frère et elle eut comme premier réflexe de saisir cet objet qui l’émut par sa douceur et sa force et elle eut un plaisir inouï à le forcer dans son ventre, la déchirure même lui parut le comble de la félicité. Elle se trouvait prise à son propre piège et sentit le danger de cette réaction.

         Dès le deuxième tête-à-tête les choses avaient changé. Julien était avide de vérifier sur la jeune femme les pratiques délectables qu’il avait partagées avec Louise. Ce qui le rendait fou, c’est la comparaison qu’il faisait des deux corps qui s’offraient à lui. Autant madame de Rênal donnait une impression de fragilité gracile, avec un corps d’adolescent à peine pubère et androgyne ; un mont de Vénus à la toison rase et bien ordonnée ; des seins fermes mais petits, vraie poitrine de jeune fille et une délicatesse de peau dans laquelle les doigts se perdaient de douceur. Autant Mathilde montrait la carnation la plus blanche et épanouie avec un buste lourd et triomphant aux aréoles larges et rosées ; presqu’aussi grande que Julien elle avait des jambes de danseuses que surmontait une pubescence dorée qui ornait aussi ses aisselles ; mais vraiment ce qu’il y avait d’admirable dans ces formes parfaites, dans la générosité de cette chair rayonnante, c’était le plus magnifique fondement que les dieux aient pu créer pour l’admiration des hommes. En découvrant ce trésor, Julien tomba à genoux pour la plus sainte communion qui lui fut offerte. Il pétrissait ces lombes, le visage prisonnier de l’espace étroit et délicatement velu où sa langue se frayait un passage en force dans l’adorable plissement qu’il découvrait en écartant au maximum ces merveilles. Mathilde crut mourir mille fois quand la bouche de son amant parcourait son ventre de l’aine à l’entrée de ce bijou nacré qui ornait le bas de son corps dans une perfection symétrique. Elle avait la chance de montrer un sexe parfait dans l’arrondi de ses lèvres qui s’adaptait comme un miracle à celles de Julien. Il pouvait passer des heures à fouiller de sa bouche toutes les parties les plus secrètes de ces formes qu’il idolâtrait. Ce n’est qu’après ces interminables préliminaires qu’il la prenait violemment en se répandant dans ses entrailles, pendant qu’elle s’évertuait à masquer les cris de sa jouissance en se mordant les mains. Cent fois ils crurent avoir éveillé toute la maison au son de leur petite mort…

         …Mathilde suivit son amant jusqu’au tombeau qu’il s’était choisi. Un grand nombre de prêtres escortaient la bière et, à l’insu de tous, seule dans
sa voiture drapée, elle porta sur ses genoux la tête de l’homme qu’elle avait tant aimé. Elle était aux derniers temps de sa gravidité et elle eut bien du mal à dénuder le bas de son corps. De même quand elle appliqua la bouche de son amant contre son sexe, elle dû faire basculer sa tête tant son ventre repoussait le front ; elle reconnut dans ce dernier baiser glacé les lèvres tant aimées et pour la dernière fois elle jouit longuement en gémissant ; ce que les accompagnants prenaient pour des pleurs étaient les ultimes bonheurs d’une âme offrant sa joie à l’être aimé.

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Le Rouge et le noir- Louise

Dans la position où il s’était jeté, il oubliait l’inconfort du sol pour ne plus penser qu’à ce qui lui brûlait les mains. Il était en larmes, soit mais pas insensible. Le corps de madame De Rênal était celui d’un jeune garçon qui aurait eu des seins petits mais parfaitement galbés et des fesses plus arrondies sans les fossettes habituelles chez les jeunes mâles. Ses bras qui l’étreignaient au niveau des genoux descendirent rapidement jusqu’aux pieds pour remonter au milieu de son corps, mais sous la chemise cette fois ! A travers la fine et légère satinette ses lèvres pinçaient une toison douce et parfumée qui l’enivrait comme un élixir ou la plus violente des liqueurs. Il mordillait des lombes qui peu à peu s’inondaient et tachaient le tissu, il pétrissait des hanches et des cuisses, écartant les demi-lunes pour insérer un doigt dans l’intimité moussue qui s’offrait dans un spasme comme pour aspirer l’annulaire indiscipliné.

         Il se releva en faisant glisser la fine soierie par-dessus la chevelure dénouée de son amante. Elle était nue, splendide et posant pour lui comme le modèle amoureux du peintre. Et puis lentement elle se mit au niveau de sa taille et fit glisser le petit vêtement de nuit qui cachait la virilité turgescente de Julien. Délicatement elle saisit l’objet de son adoration d’une main hésitante. Elle se sentit pleine de cette vigueur et ayant de son autre main passé pour un frôlement sur ses bourses veloutées en continuant entre ses fesses pour lui rendre la caresse indiscrète qu’il lui avait infligée elle prit dans sa bouche sa tumescence au bord de l’éclatement. Julien dont l’expérience aux joutes amoureuses était toute récente ne put se retenir et déversa un jet puissant dans la gorge de sa complice.

         Il serait juste de dire que cette première expérience était tout à fait inédite pour les deux amants. Julien n’avait de sa vie sensuelle qu’expérimenté des à-côtés qui ne l’avait guère séduit. Il avait dès son plus jeune âge découvert avec curiosité le mécanisme du plaisir quand un des gamins de la ferme l’avait masturbé jusqu’au plus sec des orgasmes. Il se passa des services de son premier partenaire et découvrit seul l’éjaculation. Par la suite il n’avait recours à ces pratiques que les matins glorieux où il se réveillait avec une demande insistante de ses sens avides et exigeants. De très rares fois, assistant au spectacle passionnant d’une beauté qui se dénudait, jeunes filles au bord du ruisseau se croyant seules ou servante sur le point de procéder à sa toilette, par exemple, il s’était donné de la joie en maculant ses hauts de chausses. Et puis cet épisode peu glorieux où il avait été contraint de succomber à la volonté d’Elisa, souvenir amer d’une première expérience forcément décevante car non voulue.

         Louise de Rênal avait fait un mariage de raison, elle ne connaissait pas son mari, déjà vieux et physiquement usé, mais riche, un beau parti. Elle ne connaissait rien à la vie et encore moins à l’amour, elle n’avait jamais lu de roman et sa naïveté la poussait à faire tout ce que voulait son mari après avoir obéi en tout à son père. Sa nuit de noce fut un vrai cauchemar, l’édile la pris sans précaution et elle dut s’aliter pendant plusieurs jours avant que la douleur déserte son ventre. Dès qu’elle alla mieux il la pénétra encore plus violemment que la première fois et là sa convalescence dura presque un mois. De saignements en hémorragies, elle finit par tomber enceinte et son mari lui laissa un répit complet jusqu’à son retour de couche. Par la suite il s’appliqua à l’enceinter et à la laisser tranquille pendant toute la gestation. Après sa troisième grossesse, monsieur de Rênal n’approcha plus de la couche de son épouse. Il était le mari d’une femme ravissante et il avait arrêté de la regarder. Très satisfaite de sa situation de mère, elle n’avait jamais pensé aimer quelqu’un plus que ses enfants. Julien avait fait irruption dans sa vie et elle découvrait l’amour sans en connaître le solfège ! Ils s’apprirent toutes les subtilités et explorèrent ensemble tous les rouages les plus subtils du jeu avec les corps du badinage à la luxure la plus débridée. Ne connaissant rien au départ ils ne connurent aucun frein à leur imagination et ils se vautrèrent dans la concupiscence avec une innocence et une ingénuité qui les comblèrent pendant des mois.

         Ils découvraient tout avec surprise et ravissement, Julien était devenu un expert en caresses labiales et se livra aux joies du cunnilingus et aux pratiques anales. Louise ayant gouté aux pénétrations par la voie interdite, ils ne passaient pas une séance sans recourir aux délices de la sodomie, elle avait fait fabriquer sous un prétexte quelconque une sorte de pénis en bois avec lequel elle donnait à Julien le même plaisir qu’elle en recevait de sa part. En peu de temps cette naïve péronnelle était devenue, sans s’en apercevoir, plus inventive et débauchée que la dernière des catins de la zone. Ils passaient des heures à se satisfaire et arrivaient régulièrement à jouir trois ou quatre fois dans la nuit. Ils maigrissaient mais leur goût de la vie était si évident qu’en dehors de Monsieur de Rênal, chacun dans la maison comprenait que les deux tourtereaux étaient en affaire intime !

        

        

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Le Rouge et le noir- Elisa

Elisa était au comble du malheur. Madame de Rênal avait plaidé sa cause en vain, Julien s’obstinait dans son refus. A quelques réparties de sa maîtresse, elle avait dans son âme simple deviné qu’entre Madame de Rênal et Julien il y avait autre chose que de l’intérêt pour l’éducation des enfants. Il fallait qu’elle prenne l’initiative, qu’elle ait le dessus sur cette grande dame. Elle ne voyait qu’une issue, donner à son amant ce que sa maitresse ne pouvait lui donner ; si elle ne pouvait gagner son cœur que de cette façon, elle était prête à sacrifier son honneur et à risquer sa réputation dans cette démarche. Elisa était une grande lectrice de petits romans et son âme exaltée palpitait en lisant les exploits de ses héroïnes. Elles n’hésitaient pas à s’offrir toutes entières aux appétits brutaux de leurs amants. Mais la jeune fille était loin d’avoir l’expérience de ses modèles. Les rares instants de laisser aller qu’elle avait connus auraient semblé bien innocents aux archétypes de sensualité qui peuplaient ces récits médiocres.

         Cette journée de juillet avait été d’une lourdeur accablante, le lendemain matin le temps ne s’était guère amélioré on sentait venir un orage qui s’attardait dans les lointains. Les bois de chênes semblaient prêts à s’embraser, la rivière paraissait de plomb fondu. Monsieur de Rênal avait décidé de gagner la ville pour rencontrer ses grands électeurs. Pour appuyer sa démarche, il exigea que madame et les enfants l’accompagnassent. Le jour se levait à peine quand la voiture disparut en bas de la pente. Julien était resté au lit pensant traîner un moment dans la touffeur de sa chambre. Il avait profité de sa solitude pour se mettre à l’aise. Le sommeil le surpris nu sur les draps humides, tachés de transpiration.

         Elisa était en chemise et pieds nus. Elle savait que rien ne pourrait déranger ses projets, elle était plus décidée que jamais. Elle n’avait aucune précaution à prendre, la maison était à eux, les autres domestiques ne venaient à l’étage qu’en fin de matinée pour s’occuper au ménage. Le carreau était frais et agréable à arpenter. La porte s’ouvrit sans bruit et elle vit son bien aimé nu et abandonné. Elle eut le souffle coupé. Il était dans l’état matinal fréquent chez les hommes. La tension et le volume de son membre était réellement prodigieux sur un corps presque féminin où la rare pubescence se limitait au bas ventre.

          Ne pouvant détacher ses yeux du spectacle charmant qui s’offrait à elle, elle resta figée un moment, le cœur qui battait la chamade, la respiration suspendue. Elle souleva sa chemise qui passa par-dessus sa chevelure abondante et soignée. Nue à son tour elle enjamba le corps de son futur amant et l’enfonça en elle. Elle n’était plus vierge, à quinze ans le premier valet des Rênal, renvoyé depuis, lui avait ravi son secret sans demander la permission. Julien mit un moment à s’éveiller et à comprendre ce qui se passait : n’oublions pas qu’il n’avait aucune expérience de ces choses-là. Elisa s’agitait consciencieusement et obtint une libération abondante et prématurée. D’un coup de rein le jeune homme se débarrassa de sa cavalière qui s’étala sur la carpette. Hors de lui il commença à l’insulter. Elle sortit en pleurs de la chambre où elle avait cru faire un triomphe et s’assurer un avenir radieux !

        

        

        

        

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