Comme un évier que l’on débonde, blog, blog… la question se pose, pourquoi un blog ? J’ai une curieuse pathologie qui date de loin, j’écris. Je ne suis ni écrivain, ni romancier, ni rien d’aussi noble et d’aussi lourdingue à porter. Les vieux instits et les demoiselles en mal d’amour faisaient des vers ; ils n’étaient pas poètes et ne se revendiquaient pas comme tels ; rimailleurs disait-on. Eh bien voilà, moi je suis prosailleur ! j’aime raconter des conneries pour faire marrer les gens qui aiment mes conneries, il y en a. J’ai constaté à diverses reprises que parmi mes amis, mes parents et d’autres, il y avait des lecteurs qui appréciaient mes humeurs, mes colères et ma façon particulièrement injuste de justifier mes goûts en compissant ceux des autres. Quand j’aime, j’aime le dire et pareil quand je hais. Depuis le temps que je suis lecteur je sais précisément ce que j’aime et ce qui me débecte, je ne lis donc que des livres que je sais écrits pour moi. Les vrais lecteurs se moquent : comment peut-on dire que l’on n’aime pas un livre si on ne l’a pas lu ? Moi je sais ! et les vrais lecteurs je les emmerde ! Depuis que Jean Cau (en trois lettres disait Jeanson) a eu le Goncourt je n’ai plus jamais ouvert un Goncourt. A coup sûr, le Figaro, le Monde et hélas maintenant le Canard, sont les meilleurs indicateurs de ce qu’il ne faut pas lire ! Quand dérogeant pour faire plaisir à mon frère, par exemple, j’ai accepté de lire Houellebecq, je savais que je faisais une connerie. Dans le mille Emile ! Un beau tas de bouse pour intellos fatigués. Aussi plaisant qu’une flaccidité méritée ! Je ne suis pas si bouché que certains pourraient le penser : après des années à ouvrir Du côté de chez Swann pour le refermer avant la fin du premier chapitre j’ai fini par écouter Céline, d’abord ça : « Ah Proust s’il n’avait pas été juif personne n’en parlerait plus! et enculé! et hanté d’enculerie – Il n’écrit pas en français mais en franco-yiddish tarabiscoté absolument hors de toute tradition française – il faut revenir aux Mérovingiens pour retrouver un galimatias aussi rebutant… Proust, l’Homère des invertis… 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop.» // Et puis ça : Mais il en sort que le bonhomme était doué … Extraordinairement doué … Ah oui, doué, doué // et encore ça : Proust est un grand écrivain, c’est le dernier … C’est le grand écrivain de notre génération, quoi … J’ai rouvert La recherche et je n’ai pas refermé avant la dernière phrase du Temps retrouvé, rien lu d’autre pendant tout ce temps !

Pour le cinoche c’est du kif ! Je me tape le cul par terre quand j’entends ou lis toutes les conneries actuelles ; le moindre connard qui tient une rubrique dans un canard ou une télé de merde va disserter sur Les misérables ou Simplement noir pendant des plombes alors qu’il n’a pas vu une bobine de Robert Mulligan ! On ose comparer la mère Fontaine avec Jane Campion ! Tout le monde a vu la palme d’or du coréen Bong Joon-ho Parasite en criant au miracle, j’ai vu et aimé ; mais j’ai vu et aimé au moins dix films coréens de même valeur ou supérieure ! Le cinoche je connais un peu ! Je connais aussi tous les merdeux qui en parle sans l’aimer. Télérama a passé des années à dégueuler sur Clint Eastwood pour finir par l’encenser en braillant avec les autres – le Canard, le Monde etc… J’aimais Mocky parce qu’il se foutait éperdument du sérieux de ses collègues mieux peignés, il était marrant, inventif, et anar ; et tous les grands acteurs se bousculaient pour jouer chez lui. Lonsdale y allait volontiers comme il allait chez Bunuel.

Bon je vais pas me mettre en rogne à blanc, on attendra l’actualité ! En ce moment j’écris un feuilleton, pas un roman, j’en suis incapable, un feuilleton ; genre Sue ou Ponson du Terrail. Evidemment je préfère que ça plaise au lecteur, mais je vais vous mettre à l’aise tout de suite : si vous aimez restez avec nous on va se régaler ; si vous n’aimez pas vous connaissez la sortie surtout ne vous forcez pas et n’essayez pas de m’expliquer pourquoi ; j’en ai rien à foutre ! Le pire qu’il puisse m’arriver c’est le lecteur colossalement fin qui va m’expliquer pourquoi je merde avec les points virgules ! C’est mes points virgules ! J’écris comme je fais la cuisine, je ne fais que ce que j’aime ! Si vous êtes contre mon kékéméké, allez bouffer chez Levy, Musso ou Gavalda !