Les gens qui connaissent mal les armes sont persuadés qu’il n’existe qu’une marque de carabine à levier de sous garde ils disent Winchester pour désigner tout ce qui fonctionne en abaissant la partie qui enserre la détente et forme le pontet, ce qui permet de chambrer une balle et d’armer le chien. Cette marque fonctionne dans l’esprit de tout un chacun comme on désigne tout réfrigérateur par le nom de Frigidaire. Quand on regarde vers les Etats-Unis, on voit une pléiade de marques qui utilisent le fonctionnement à répétition manuelle à levier de sous-garde : Marlin, Savage, Mossberg, Henry, Browning… Toutes ne font pas référence à Winchester et ont parfois des systèmes très différents. La grande différence tient au magasin d’alimentation qui peut-être un tube sous le canon ou un chargeur classique ; le tube a pour lui de renfermer plus de cartouches que le chargeur, mais comme elles sont alignées les unes derrière les autres, il est nécessaire d’utiliser des pointes plates ou molles pour éviter qu’en heurtant l’amorce contre laquelle elle sont appuyées, elles ne fassent partir le coup ; ce qui serait dommage pour le tireur et pour l’arme. Les Browning ont des chargeurs classiques où les munitions sont empilées, on peut ainsi chambrer des balles de très forte puissance à pointes dures. Quand nous avons découvert la cache d’armes d’une maison où tous les occupants avaient claqué, ce fut une grande fête : toutes les armes des 19ème et 20ème siècles se présentèrent à nous dans un état proche du neuf, à tel point que nous avons tout embarqué pour pouvoir choisir. A tout seigneur tout honneur je pris une Winchester classique en 30X30 qui paraissait sortir d’usine. Je disposais ainsi d’une arme fiable et pour laquelle les munitions ne manqueraient jamais. Une Savage 99 en 300, même état pour avoir un peu plus de puissance. Enfin une Browning BLR en 450 Marlin pour les gros sangliers et les gros cons !

Avec Mic j’ai tiré des milliers de cartouches à l’entraînement, dans toutes les positions et dans toutes les situations possibles. On s’entraînait à vider les chargeurs le plus vite possible en tir de saturation sans sortir de la cible, c’était presque de la répétition automatique. C’est encore avec la Savage que je me suis le mieux sorti des scénarios que nous avions imaginés. Par exemple, blessé, un bras inutilisable comment recharger et tirer avec une carabine à levier. J’arrivais à recharger en lançant la carabine en avant sur le côté pour ouvrir la culasse et en la ramenant vers moi pour la refermer ; ou bien je la faisais basculer pour l’ouvrir dans un mouvement circulaire et je la rattrapais dans un mouvement inverse, la carabine semblait décrire un cercle parfait. Je me suis parfois esquinté le poignet ou la main mais à chaque fois je me retrouvais avec la mire et le guidon bien alignés et mon tir restait très correct. Attention les vilains ça va cartonner ! On tirait après une roulade ou en dévalant une pente couchés sur le côté… Pareil pour les tirs depuis un véhicule, les cibles alignées le long de la piste attendaient notre passage, on lâchait le volant et ça pétaradait sec, les résultats restaient très encourageants. Les cibles étaient touchées à tous les coups et nous étions prêts au combat. En réel nous nous sommes sortis un jour d’un piège tendu par des malfaisants bien décidés à nous gâcher le pelage !  Ils nous attendaient en sortie de village, bien alignés de part et d’autre de la route ; on s’attendait à du grabuge et on portait des gilets pare-balles comme chaque fois que nous partions en rumba et le Hummer était spécialement équipé par les Marreau pour offrir un max de protection en cas d’orage. Ces abrutis étaient si certains de nous trouer qu’ils ne se sont pas protégés, j’avais la Win et Mic la Marlin, je crois qu’on a vidé les magasins dans ce seul passage ! Les guignols dégringolaient comme à l’exercice, je ne sais pas si un seul est resté debout, on ne s’est pas attardés ! Bien longtemps après les quelques témoins de l’affaire parlaient encore avec enthousiasme de notre exploit !