Marchez sur les traces de vos compagnons

                   Marchez sur les traces de vos compagnons

                   Quand on les rattrape on leur crève le bidon

                   Quand on les rattrape on leur crève le bidon

                            Ah là y va, ha là y va, y va, y va, y va

Partout où on passe ne restera rien

                            Partout où on passe ne restera rien

                            Qu’un peu de poussière et de sang séché

                            Qu’un plus de misère et rien à ronger

La patrouille revient, ils n’ont rien trouvé et chantent une vieille chanson de marche pour effacer leur frustration et se préparer à une nuit arrosée mais maussade. Marshall a disparu depuis deux jours, il a entraîné avec lui une douzaine de gaillards qui ne nous manqueront guère, il n’a pas choisi les plus vaillants ni les plus utiles. Néanmoins ils nous ont échappé jusque-là. Ils ont foutu le camp vers l’est, c’est le pays d’origine du scélérat, il a dû garder des accointances avec un tas de voyous qui fourmillent dans ces coins. Il lui reste peut-être de la famille et n’a pas eu de mal à planquer son cul dans ce bled de collines, de rus et de bosquets avec des cabanes partout qui ont plus d’yeux que de mouches. J’espérais le situer très vite et je me sens bien mal de ne pas pouvoir le punir pour ce qu’il a fait à notre petite sœur. Et encore, moi c’est que dalle comparé à Mic : il n’a pas dormi depuis que, faisant irruption dans ma piaule, il a vu dans quel état il avait laissée Kimiko. Il est devenu enragé et ne parle plus, il grogne ! Une fois de plus Marshall nous a décontenancés, qu’est-ce qui lui a pris ? Pourquoi se mettre dans une situation où la troupe entière ne pourra que se tourner contre lui ? Cela fait beaucoup d’ennemis enragés d’un seul coup et pour un seul homme ! Je dois diriger la patrouille du lendemain et j’ai dans l’idée de commencer la traque dans une petite vallée éloignée, à bien trois heures de voiture. A partir de là on peut suivre à pieds le sentier qui longe la Vina, une rivière bourbeuse et mal entretenue qui traverse une dizaine de villages bien faits pour abriter nos fuyards. On inaugure les ennuis avec la traversée de la troisième bourgade, ça se met à canarder depuis des fenêtres calfeutrées à la va vite ; ça tire aussi depuis les terrasses des baraques en terre et les ruines de la vieille église, miraculeusement(!) préservées. Et ça vise mal ! A ce détail il me semble bien qu’on est tombés sur nos gaillards. Ils sont tellement branques que pas une de leurs balles n’a eu d’effet, mes compagnons sont indemnes et je crois sage de reculer à l’abri de la lisière qui est à deux pas. On ne peut pas éternellement faire confiance à la maladresse des couillons ! J’ai Jean-Bernard avec moi, de loin le meilleur pisteur de la troupe il peut suivre l’ennemi pendant des heures sans se faire repérer, une vraie fouine. Il va rester sur place à guetter les tireurs qui ne vont pas tarder à décarrer. Il est sensé les coller jusqu’à leur repaire qui ne doit pas être bien loin et tenter d’apercevoir leur chef qui nous intéresse en premier. Il a une radio et nous tiendra au jus de ce qui se passe sur le terrain. Si tout va bien on revient tous en force pour éradiquer les malfaisants.