A la fin du vingt et unième siècle, vivait dans ces parages un énergumène, très efféminé, paillard et de mœurs scandaleuses qu’on avait baptisé Godeau pour toutes ces raisons ! Avant même que la pandémie se développe, il avait décidé de fonder une sorte de secte, communauté de mecs comme lui dont le but était de mettre sur terre une provision de gitons et de petites putes pour satisfaire leur lubricité insatiable. Ils étaient quelques dizaines et tenaient en cages des reproductrices sélectionnées qu’ils couvraient régulièrement malgré un dégout prononcé pour le sexe féminin normalement épanoui. Tout ça pondait à intervalles réguliers.  Soucieux de normalité physique et afin d’éviter le risque de consanguinité, ces braves gens avaient naturellement choisi le plus compétent et le plus savant dans les domaines de l’évolution et de la sélection naturelle, pour gérer l’ensemble des naissances : Bruce Godeau. Il s’y prit fort bien, aucun frère ne sauta sa frangine, aucun papa gâteau ne copula avec sa fille et la maman ne toucha jamais à la bistouquette du petit ! Il obtint ainsi en peu d’années un troupeau de gamins/gamines à la chair fraîche et aptes à donner tous les plaisirs de l’enfer à ces salopards. C’étaient ses poupées, ses pupes, Les pupes à Godeau. Vérité historique ou légende on s’en branle !

 Et puis la pandémie : en trois semaines, pratiquement tous les adultes y passèrent, les enfoirés comme les reproductrices ! Les quelques survivants croyant à une punition divine avaient sorti le Jehova du placard et s’étaient enfuis en processions psalmodiantes sur les routes les plus lointaines ; on ne les revit jamais et on s’en consola tout de suite. Les gamins comme tous les gamins de l’époque s’organisèrent pour survivre ; on l’a vu, on murit vite quand ça chie ! Ils adoptèrent une vie assez frustre ayant largement de quoi subvenir à leurs besoins quotidiens : élevage et semis, tissage de bure légère et apte à se protéger du soleil et du froid : surplis court en lin pour l’été ou rochet s’arrêtant aux genoux ; en hiver, la douillette ou la coule qu’on pouvait doubler du froc en lainage épais ; tout se portait sans rien dessous, la nudité était souvent la règle par temps caniculaire. Ils avaient dégotté, va savoir où et comment, des carabines à poudre noire qui servait à la chasse. D’antiques modèles Sharps miraculeusement conservés. Ils étaient férus en préparation de la poudre, ils avaient des formules qui donnaient une sorte de pulvérin pratiquement sans fumée ni résidus, un rêve d’armurier. J’ai réussi avec des pétoires dont je n’aurais pas donné dix sous, des tirs à près de huit cent mètres qui faisaient exploser les tonnelets qui servaient de cibles. Leurs sortes de Kukris rivalisaient avec leurs kriss malais, ils étaient décorés à ravir et tranchants comme le coupe choux du grand père ! Mais tous, hommes et femmes privilégiaient le gourdin droit sans nœud avec une poignée en forme de boule. Les lancers de bâtons étaient redoutables :  Nous avons vu des gamines chasser le perdreau avec cet engin qui à dix mètres faisait exploser l’oiseau en une myriade de plumes !

Accueillis comme des princes on s’empressa de nous offrir les cadeaux traditionnels réservés aux visiteurs. En premier de la bouffe en pagaille, des vins légers et une bière excellente qui te donnait envie de chercher l’abbaye ! Tout cela tombait à pic c’était la fin de la journée et on n’avait eu presque rien dans le bide depuis le lever du jour. Pendant que ces braves gens dressaient les tables pour le repas, nous installâmes notre campement en bordure de la localité. J’avais essayé d’évaluer la population, mais c’était difficile tant ça vibrionnait, ils ne restaient jamais en place. J’avais repéré quelques personnages plus graves, moins souriants, adultes…je les invitais dans ma tente pour essayer de faire le point sur ces curieux hôtes qui me semblaient si affairés à nous faire plaisir qu’on se sentait dans la position de celui qui débarque alors qu’on ne l’attendait plus. Un peu fatigué de jouer au messie je voulais savoir ce qui se passait dans ce patelin. J’en avais touché deux mots à Mic qui s’en tapait allègrement : il avait capturé quelques couples de ces gamins qui s’étaient dénudés et couraient autour de lui en riant et en criant. Mon ami semblait satisfait de l’accueil et je le laissais à ses papouilleries et pince mi pince moi. Il était aux anges, ça m’arrangeait bien, il était pour un bon moment distrait de ses jeux de massacre habituels. Cependant j’avais besoin de témoins et quelques-unes de nos filles acceptèrent de me suivre dans mon pow wow, Nati et Jos en tête ; depuis nos aventures passées, elles ne se quittaient plus et le plus souvent si je voulais Nati je devais prendre Jos en doublette ; je me demandais si j’allais en sortir vivant ! Néanmoins j’adorais ces deux nanas.

Nous nous sommes installés autour de la grande table, ils étaient quatre et se ressemblaient comme des frères, ce qui n’avait rien d’étonnant quand nous avons appris qu’ils avaient la même mère ! Ils étaient assurément enchantés de ce début d’entrevue et regardaient les filles qui se marraient avec une sympathie mêlée, c’était visible, de sentiments un peu plus intéressés avec des lueurs de concupiscence joyeuse. Celui qui paraissait le plus responsable et le moins distrait par les présences féminines se mit à raconter ce qui va suivre.