Voilà qui sent sa DRH et sa formation en entreprise à plein pif !

Faut que je raconte, c’est trop beau. Je suis au rayon produits vaisselle d’un Leclerc quelconque. Un mec qui aime les pastilles, là il se régale : t’en as avec deux, trois, quatre trucs dedans qui te mettent la vaisselle comme neuve et qui sentent  bon, qui te prolongent  la vie de ton Wihrpool jusqu’à fatiguer, t’es sûr de crever avant ton lave-vaisselle ;  t’en as avec une boule rouge au milieu du bleu, qui fait toute la différence, au citron, à la menthe, avec des trucs en plus que tu y as pas pensé, comme ces nouvelles capotes que t’as même plus besoin de partenaire tellement c’est sophistiqué ! Moi bon con de sommateur  je  m’applique à comprendre ce qui me va le mieux pour éviter les auréoles sur le cristal, pour économiser du sel et empêcher ma bécane de s’escaner sous une masse de calcaire. Je regarde les prix au kilo, je m’étonne que ce soit moins cher avec du parfum en plus et je m’extasie sur les tarifs du bio qui te lave rien du tout mais qui sauve la grosse boule bleue dont on est tous responsables comme dit Jolycohnhulot. Bref j’en arrive à la conclusion habituelle dans ces occurrences : je prends ce qui me tombe sous la main, incapable de discerner objectivement le meilleur dans cette profusion de marques, d’emballages  et de produits. Je suis émerveillé à chaque fois qu’un malin m’explique, l’air de celui à qui on ne la fait pas, que les hypers c’est mieux que le hard discount parce qu’il y a plus de choix ! C’est quoi cet univers où l’avalanche de produits et la multiplicité des offres  empêche de choisir ? Vivent Lidl, Aldi et les pommes de terre frites !                             

  Bon, tu piges dans quel état j’arrive vers les caisses, énervé et plein de réflexions acides qui ne demandent qu’à s’exprimer, manque que l’interlocuteur… justement en voilà un, plutôt trice que teur : la vraie pro, coiffée Madonna  après le concert, blazer rouge sapeur, serré sur une hypermastie boudinante, l’air pensif, toute prête à se faire chier pendant ses six heures en temps choisi– sic !-, pour un salaire mozambicain ; moi je pense que ces travailleuses ont droit à notre sympathie et en général je fais assaut de bonhommie et d’humour empathique, je me dis que mon passage dans leur ruelle en sera plus léger et m’efforce de provoquer quelques risettes ; il m’arrive parfois de faire un triomphe et d’obtenir un éblouissant sourire, une répartie ironique ou même un franc éclat de bidonnage qui peut mener au fou-rire ! Donc j’arrive à la caisse, tout rayonnant  et fier de la plaisanterie qui va assurément dérider cette brave travailleuse. Je commence ma phrase, on me coupe illico en m’assénant un BONJOURRRR !!! retentissant pour dire à tout le magasin que ce connard de client est même pas poli et que ça lui fera une drôle de leçon pour l’avenir. On a dû lui dire que le premier truc à faire c’est de saluer le client, ça m’étonnerait qu’on lui ait enseigné l’art d’insulter le dit client rien qu’en lui disant bonjour ! Enfin c’est tant pis pour moi, ça m’apprendra  à gaspiller ma sympathie pour soulager l’humanité souffrante comme disaient nos grands parents voltairiens : Poignez vilain il vous oindra, oignez vilain il vous poindra !