Je me prépare aux grandes ; mon administration, qui n’a rien à envier à l’armée du capitaine Dreyfus, pense que je serai mieux à banéger dans un lagon comme un bon popaa, plutôt qu’a exercer les talents dont je me prévaux, sûrement à tort, au service d’élèves ingrats ! (et même ingrats doubles – en voilà une dont je ne saurais me priver !)

Donc, donc, donc…

Que faire de ma maison si je pars polynéser pour quelques années de retraite chichement gagnées ?

La vendre ? Oui, mais pour racheter ailleurs, moins cher et loin de ces méridionaux que j’exècre d’autant plus que je les connais bien, puisque j’en suis. Car, car, car,  j’aurai besoin d’un pied-à-terre quelconque dans cette métropole que tôt ou tard il me faudra rejoindre.

La louer ? Why not ? Mais pour l’été, ou les petits séjours en France, où irai-je ? Où nicherai-je ? Où gîterai-je ?

De plus, de plus, de plus, si je vends, ou si je loue, quid de mon mobilier ? Je ne puis envisager de louer dans mes meubles ; je ne supporterai pas qu’un paltoquet quelconque s’empare d’une de mes Série Noire, en arrache en partie le dos cartonné pour le retirer de sa rangée, et feuilletant le volume s’humecte les doigts de salive, puis plisse le papier martyr – c’est pourrir un peu !- entre l’index et le majeur ! Comme quelqu’un que normalement j’aime bien mais que j’ai haï le jour où je l’ai vu ainsi traiter mes incunables !

Je suis plus attaché à mes livres et à quelques vieilles carabines

 air de Taïaut, Taïaut !!!!

  • C’était un chasseu eu eur,
  • Tout rempli d’ardeu eu eur
  • Qui branlait sa piiineu
  • Dans sa carabiiiineu !
  • Taïaut ! taïaut !oooo !!!!!

 qu’à mes meubles proprement dits.

La phrase précédente est un peu tarabiscotée, c’est fait exprès ; je suis en froid avec ma version de Word qui se permet des remarques générales sur le style, qui ne laisse passer aucun néologisme et qui lutte contre l’anacoluthe ! Bref une de mes dernières raisons de vivre est celle-là : faire chier Microsoft office Word ; à mort !

Il y a bien le garde-meubles, mais il semblerait que les assurances ou la mauvaise foi des proprios aient inventé des règles nouvelles pour emmerder le monde : tu enfermes ton binz dans un container et tu ne l’ouvres que pour tout enlever. T’as pas droit au repentir, style : J’irai quand même bien chercher l’anorak de la gosse, ou bien : Putain on a enfermé les passeports dans la commode, faut faire ouvrir d’urgence ! On est à Ouagadougou dans une semaine !!!!  Tu peux faire ouvrir, c’est prévu, mais c’est payant !!!!! Et c’est cher mon cher !

On aura compris que tout cela m’emmerde et que ma décision a de fortes chances d’être de ne pas en prendre ! Avec le temps, avec le temps va

Raymond est mort

Je suis de ceux qui aiment assez le cinéma de J.L. Godard (Je sais, je sais, mais la question n’est pas là !), je tiens Pierrot le Fou pour un film important (Oui ! Je sais !! Merde à la fin !!!) mais le passage où Il est là, où Il raconte son histoire d’amour triste en mimant les caresses, c’est quelque chose d’unique, d’inoubliable ! Je suis reconnaissant à JLG d’avoir filmé Raymond Devos dans toute l’étendue de son génie comme je le suis à Truffaut d’avoir montré Bobby Lapointe en 1960 dans Tirez sur le pianiste ; ces gens ne m’ont jamais quitté.

Devos, je le retrouvais toujours avec plaisir, aux hasards des télés, du cinoche, il me faisait parfois bien rire, mais le plus souvent, sa légèreté clean, son souci de la bienséance me ravissait et me changeait un peu de Fernand Raynaud ou de Pierre Doris. On ne riait pas gras avec lui, on ne s’esclaffait guère; il ne balançait pas comme on dit connement dans nos télés pourries par les fogielardissonruquiereries ; il ne s’occupait pas des tares de ses contemporains, mais abordait les défauts de l’Homme, les siens, avec une cocasserie et une invention uniques. On l’a fait parler sur Coluche, il était vraiment coupé en deux : d’un côté admiratif pour un talent indiscutable, de l’autre carrément navré qu’il se gaspille en pantalonnades ou en grasses conneries. La plume dans le cul chez Devos, ça restait en travers ! C’était une sorte d’anti- Bigard.

Encore un qui vient se ranger dans la boîte avec Ferré, Brassens, Brel… Comme disait Alphonse Allais, en soupirant :  Plus ça ira moins on rencontrera de gens qui ont fait la guerre de 70 !

Coupe du monde

Voilà revenue l’époque où le pastis coule en flots épais et où l’on entend des jugements autorisés et définitifs sur les mérites respectifs de Zizou et de Ronaldhino. Tout cela m’emmerde assez passionnément ; pourtant, comme j’aimerais retrouver un peu de mon enthousiasme d’antan devant mon écran ! Oublier les hooligans, le fric, le racisme et le chauvinisme exacerbés qui accompagnent le foot depuis des années. Et la connerie surtout ! La belle et suifeuse connerie qui fait parler les Thierry Roland, cracher les Barthez, et anime la foule.

J’ai quand même bien rigolé dans le match de préparation contre ces chinois bizarres. Un de nos gaillards qui se pète une guibolle en direct, ouille !ouille ! ouille ! L’icône Zidane qui glisse et manque son penalty ! Aille !aille !aille ! Et ce pauvre fils de l’Empire du Milieux qui trompe son propre gardien et se marque un but imparable ! Par Confucius ! Je suis tombé du fauteuil ! Ce mec va finir crucifié sur la place Tien An Men !

Pourquoi bizarres ces chinois ? C’est pas de vrais footballeurs ! On ne les voit jamais cracher, gueuler contre une décision de l’arbitre, on ne les entend pas s’enguirlander ou se féliciter bruyamment, jamais on ne les surprend à se vautrer de joie les uns sur les autres, comme gorets lubriques, ou à plonger les deux mains dans leurs flottants pour remettre les choses à leur place !

 Qu’est-ce que c’est que ces mecs ?

Sinon, autour des stades, il est quand même plaisant de comparer la liesse brésilienne, la fiesta sud américaine, colorée et joyeuse, avec la rage haineuse des supporters des équipes européennes. Comme dirait les commentateurs, ça en dit long sur tout ça. J’t’en caus’ pas !

Le petit supporter